Le rapport Lockwood sur « les méthodes d’apprentissage et de transmission de la musique aujourd’hui »
La mission de réflexion sur les méthodes d’apprentissage et de transmission de la musique aujourd’hui, présidée par le violoniste de jazz Didier Lockwood, vice-président du Haut conseil à l’éducation artistique et culturelle, a rendu le 16 janvier au Ministre de la Culture et de la Communication son rapport, désormais accessible sur le site internet du ministère.
Claire Gibault, Bruno Mantovani, Jean-Claude Casadesus, David
Grimal, Marie-Claude Segard, Andy Emler, Michel Jonasz, Manu Katché,
Jean-Claude Perrot, Jean-Miguel Pire et Vincent Maestracci ont participé
avec Didier Lockwood à l’écriture de ce rapport intitulé « Quelles
méthodes d’apprentissage et de transmission de la musique
aujourd’hui ? ». Ils étaient chargés de réfléchir sur la diversification
du public des conservatoires, par des approches pédagogiques fondées
sur le décloisonnement des esthétiques, la valorisation de l’écoute et
le développement des pratiques collectives. Cette « mission de
réflexion » s’est appuyée sur l’audition de nombreux acteurs de la vie
musicale, de représentants de l’enseignement spécialisé, des
collectivités territoriales, des parents d’élèves.
Dans ses conclusions qui vont susciter certainement un très vif débat, le rapport préconise avec audace de redéfinir les missions des conservatoires afin de décloisonner et démocratiser l’apprentissage de la musique en France. Le rapport envisage ainsi de transformer les conservatoires en « écoles des arts » afin de créer des passerelles entre les différentes disciplines artistiques. « Cette école des arts pourrait abriter, selon les cas et les situations, une EDAM (école des arts/musique), une EDAD (école des arts/Danse), une EDAT (école des arts/théâtre), une EDAP (école des arts plastiques), une EDAB (école des arts visuels), une EDAC (école des arts du cirque) », indique le rapport. Une charte commune de fonctionnement pédagogique serait établie au sein de ces structures. Le rapport préconise aussi de favoriser la complémentarité entre conservatoires, établissements scolaires, écoles associatives et pratiques amateurs.
« Notre proposition principale, déclare Didier Lockwood, est
donc de permettre à de nouveaux publics, dès leur entrée au
conservatoire, d’y trouver un enseignement correspondant à leur choix.
C’est la raison pour laquelle il est essentiel aujourd’hui de distinguer
deux pratiques bien spécifiques de la musique : la musique dite
classique de tradition écrite et la musique dite populaire de tradition
orale. La mise en place au sein des conservatoires de
deux pôles dédiés à ces types de musique devrait permettre par leur mise
en tension d’en extraire les particularités et richesses respectives,
et ainsi fonder un tronc commun d’enseignement impulsé par une meilleure
prise en considération de l’oralité. Je crois fermement que la
transversalité en va-et-vient entre la musique classique et la musique
actuelle est possible à partir d’un tel tronc commun, quel que soit le
point d’entrée. »