épistémologie et construction
d'un nouvel enseignement
Cette séance du séminaire « Art et culture dans les politiques
éducatives – Généalogies et perspectives » sera dédiée à cerner les enjeux liés
à la définition et la pratique de l' enseignement de l'histoire des arts.
À la suite des deux précédentes
séances relatives à l’usage des nouvelles technologies dans l’enseignement de
l’histoire de l’art (28 mai 2012) et à la stratégie didactique de cet
enseignement (6 décembre 2011), on abordera la question de son épistémologie et
du champ de connaissance et de savoir au sein duquel se construit ce nouvel
enseignement.
L'histoire des arts, désormais intégrée au sein de l'enseignement
scolaire français, demande par son propre caractère transversal et
transdisciplinaire la création de projets spécifiques permettant d'en
développer tant l'enseignement que l'apprentissage. Ces projets regardent tout
d'abord l'activité des établissements scolaires et des enseignants avec leurs
élèves mais ils se manifestent aussi du côté
de l'enseignement supérieur chez les universités qui proposent des
formations spécifiques pour les enseignants, ainsi que du côté des institutions
culturelles quand elles créent des programmes expressément conçus pour en
favoriser le développement.
Au cours de cette séance il sera question de dresser un état
de lieu de l'évolution de cet encore jeune enseignement, tout en questionnant
le cadre au sein duquel il est en train de se construire. A partir de trois
exemples spécifiques, il s’agira d’observer les postures et les approches
concrètement adoptées par les différents acteurs qui participent à la
définition épistémologique de l'histoire des arts tant du point de vue des
programmes et projets proposés que du point de vue de la sensibilisation et la
réponse des élèves et des enseignants.
Frédérique DESBUISSONS présentera la tentative menée à l'Université de
Reims Champagne-Ardenne entre 2009 et 2012 de création d'un enseignement
d'histoire des arts par une équipe composée de maîtres de conférences en
Histoire de l'art, Littérature comparée et Musicologie. Mettant l'accent sur la
manière dont ce nouvel enseignement a pu s'inscrire dans un contexte
institutionnel spécifique (caractéristique de l'URCA, politique
d'établissement, organisation des formations, composition des équipes...), elle
en soulignera les enjeux et la valeur paradigmatique.
Léonie
MARQUAILLE s'intéressera au projet pédagogique conçu par le service des
collections de l'École nationale supérieure des Beaux-arts et les rectorats de
Versailles et de Créteil dans le cadre de l’enseignement de l’Histoire des arts
instauré depuis la rentrée scolaire 2008 par le Ministre de l’Éducation
Nationale.
Jean-Rodolphe
LOTH décrira son travail de
professeur à partir du partenariat avec le cabinet des dessins de l'ENSBA. Les élèves assistent et participent au "devenir
interprétatif", endivers instances de la parole et du texte, avec la
comparution devantles œuvres du cabinet, attestations de l'histoire
secrète descarrières artistiques
mais aussi mémoires des legs et dépôts,présentations du minutieux travail scientifique
de situation,d'attribution et de
conservation. Ainsi, l'histoire de l'art est directement reliée à l'événement
de sapassation selon
l'apparition in situ du commentaire, auprès et en facedes œuvres exposées.Alors, la transmission de l'histoire de l'art est à
l'accord de cettescène de la
conférence, le cabinet des dessins demeurant le théâtrede la geste indéfectiblement nécessaire à
la transmission.
L'éducation artistique est en train de devenir la valise
consensuelle des partis en mal de politique culturelle. Priorité,
revalorisation, tous s'accordent à en faire un pilier de leur (future)
politique. Cela pose plusieurs problèmes dont le moindre est,
qu'énoncer sans autres commentaires, l'idée se présente comme une
évidence, incontestable, alors même qu'on ne sait pas, concrètement, ce
qu'on dit. Que contient la valise? Mystère. Que vise ce beau principe?
Mystère. Les règles de plus en plus « managériales » qui gèrent l'école
aujourd'hui et qui entendent tout évaluer, l'axiome qui place l'élève au
centre de l'école naguère plus légitimement occupé par les savoirs,
sont-ils compatibles avec cette injonction ? Que veut dire sur le
terrain des arts le mot éducation ? Quel est le référent ? L'adaptation à
l'entreprise comme le suggère cette demande stupide faite aux élèves, à
la sortie du collège, de faire un stage d'une semaine en entreprise ?
Ou une véritable ambition culturelle ? Il faudrait alors commencer par
revenir à un apprentissage de la littérature qui ne se confonde pas avec
une inutile et rébarbative leçon de pseudo linguistique. Dans quelles
conditions et par qui serait exercé cette éducation artistique ?
Entend-on une pensée qui puisse éclairer, au sein des
relations complexes des arts et de la culture, les principes et la
pratique de cette éducation ? Rien n'est dit de la rencontre vivante,
destabilisante parfois, avec l’œuvre d'art. Sait-on le courage et la
disponibilité dont ont besoin les professeurs qui souhaitent, par
exemple, emmener leurs élèves au théâtre? Et tous ceux qui le font, le
font bien sûr gratuitement ! Ces professeurs, généreux et attentifs,
ont-ils une expérience suffisante du théâtre pour décider que voir avec
leurs élèves, autre que le rassurant classique, Racine et Molière en
tête de classement ? Car, s'agit-il de combler une lacune culturelle ou
d'ouvrir un goût, de créer une surprise entraînante, de produire un
choc, une rencontre non calculable ? Pour cette deuxième hypothèse
(ouvrir), l'enjeu serait moins d'acquérir des connaissances que
d'apprendre à voir, et dans cette façon de « lever les yeux », à
découvrir les libertés dont l'art dispose.
J'entends certains (et parmi eux d'éminents penseurs )
demander une revalorisation des pratiques amateurs. Je ne peux qu'être
en plein accord avec cette exigence. Mais il faut alors reconstruire
tout un tissu associatif, lui donner les moyens de son action et, parmi
ceux-là, la possibilité d'une confrontation vivante avec les pratiques
professionnelles. Veut-on que des acteurs se donnent à cette éducation ?
Pourquoi pas, mais pas aux dépens de leur métier et de préférence en
lien vivant avec un théâtre, lorsque du théâtre il est question. Et
l'histoire de l'image, de la peinture ? Apprendre à lire une image, en
cette époque saturée, pourrait être une priorité. Par qui et comment ? Ce n'est pas une conception strictement utilitariste de
l'école qui pourra répondre à ces questions. Ce n'est pas en voulant
prématurément adapter l'école à l'entreprise que l'on saura élaborer une
politique apte à relever ces défis, pourtant décisifs. Ce n'est pas non
plus en se satisfaisant d'une injonction sans contenu ni moyen.
L'éducation artistique est en train de devenir la valise
consensuelle des partis en mal de politique culturelle. Priorité,
revalorisation, tous s'accordent à en faire un pilier de leur (future)
politique. Cela pose plusieurs problèmes dont le moindre est,
qu'énoncer sans autres commentaires, l'idée se présente comme une
évidence, incontestable, alors même qu'on ne sait pas, concrètement, ce
qu'on dit. Que contient la valise? Mystère. Que vise ce beau principe?
Mystère. Les règles de plus en plus « managériales » qui gèrent l'école
aujourd'hui et qui entendent tout évaluer, l'axiome qui place l'élève au
centre de l'école naguère plus légitimement occupé par les savoirs,
sont-ils compatibles avec cette injonction ? Que veut dire sur le
terrain des arts le mot éducation ? Quel est le référent ? L'adaptation à
l'entreprise comme le suggère cette demande stupide faite aux élèves, à
la sortie du collège, de faire un stage d'une semaine en entreprise ?
Ou une véritable ambition culturelle ? Il faudrait alors commencer par
revenir à un apprentissage de la littérature qui ne se confonde pas avec
une inutile et rébarbative leçon de pseudo linguistique. Dans quelles
conditions et par qui serait exercé cette éducation artistique ?
Entend-on une pensée qui puisse éclairer, au sein des
relations complexes des arts et de la culture, les principes et la
pratique de cette éducation ? Rien n'est dit de la rencontre vivante,
destabilisante parfois, avec l’œuvre d'art. Sait-on le courage et la
disponibilité dont ont besoin les professeurs qui souhaitent, par
exemple, emmener leurs élèves au théâtre? Et tous ceux qui le font, le
font bien sûr gratuitement ! Ces professeurs, généreux et attentifs,
ont-ils une expérience suffisante du théâtre pour décider que voir avec
leurs élèves, autre que le rassurant classique, Racine et Molière en
tête de classement ? Car, s'agit-il de combler une lacune culturelle ou
d'ouvrir un goût, de créer une surprise entraînante, de produire un
choc, une rencontre non calculable ? Pour cette deuxième hypothèse
(ouvrir), l'enjeu serait moins d'acquérir des connaissances que
d'apprendre à voir, et dans cette façon de « lever les yeux », à
découvrir les libertés dont l'art dispose.
J'entends certains (et parmi eux d'éminents penseurs)
demander une revalorisation des pratiques amateurs. Je ne peux qu'être
en plein accord avec cette exigence. Mais il faut alors reconstruire
tout un tissu associatif, lui donner les moyens de son action et, parmi
ceux-là, la possibilité d'une confrontation vivante avec les pratiques
professionnelles. Veut-on que des acteurs se donnent à cette éducation ?
Pourquoi pas, mais pas aux dépens de leur métier et de préférence en
lien vivant avec un théâtre, lorsque du théâtre il est question. Et
l'histoire de l'image, de la peinture ? Apprendre à lire une image, en
cette époque saturée, pourrait être une priorité. Par qui et comment ?
Ce n'est pas une conception strictement utilitariste de
l'école qui pourra répondre à ces questions. Ce n'est pas en voulant
prématurément adapter l'école à l'entreprise que l'on saura élaborer une
politique apte à relever ces défis, pourtant décisifs. Ce n'est pas non
plus en se satisfaisant d'une injonction sans contenu ni moyen.
Jean-Marie Hordé, directeur du Théâtre de la Bastille
"Il faut renverserle regard : cesser de considérer la politique culturelle comme le supplément d'âme d'un projet politique mais penser le projet politique comme véritablement culturel" : Francis Peduzzi dirige depuis vingt ans le Channel dans le quartier des Cailloux à Calais. Au départ : 40 m2 insalubres dont il a fait une scène nationale, grand format, novatrice et féconde. A ce titre, il est un de ces "faiseurs de culture" qui font, au quotidien, bouger les régions, vivre la création, générant convivialité et intelligence du monde, et auxquels, loin des cénacles parisiens, nous avons choisi de donner la parole à la veille de l'élection présidentielle.
Cinquante noms piochés au hasard de nos rencontres, à la faveur de
nos réseaux, cinquante noms exemplaires parmi mille autres qui dressent
le portrait d'une France qui se bat pour que vive la culture. Cinquante noms pour cinquante jours au terme desquels nous voici. "Ce qui se joue là, poursuit Francis Peduzzi, c'est la promesse d'insuffler de l'imaginaire dans la décision publique, qui en a bien besoin, et renouveler la façon d'envisager la vie. Et donc la changer."
Ils sont volontaristes par essence ("le mécénat doit être assimilé à un geste citoyen, comme le tri sélectif", clame Amanda Crabtree, agitatrice d'art à Lille), rebelles par nature ("la culture est anarchiste", soutient le réalisateur Sylvain Chomet, qui veut monter à Alès une école du cinéma d'animation) et artisans par choix : "échapper à la rentabilité à tout prix", prône Alexandre Rochon qui, à Clermont-Ferrand, gère avec succès la destinée de son label de musique dont les pochettes de disque sont cousues à la main. A ces agités du local, nous avons chaque fois posé la même question : "Qu'attendez-vous d'une politique culturelle ?"
Bien sûr émergent dans leur discours les grandes problématiques
nationales, comme la TVA à 5,5 %, cheval de bataille des libraires,
l'accès libre (ou réglementé, selon des avis largement contradictoires)
aux oeuvres sur Internet, ou de vieux serpents de mer qui n'ont jamais
vu le jour, comme la proposition de Geneviève Maurizi, qui dirige
l'événement ArtNîm dans le Gard, de "mettre en place des aides
fiscales dans l'acquisition d'oeuvres par les particuliers et pas
seulement comme c'est le cas par les entreprises". En 1999, Guy Amsellem, délégué aux arts plastiques sous le ministère de Catherine Trautmann, avait proposé la mesure... qui ne fut jamais adoptée.
Mais, au-delà, plusieurs tendances fortes paraissent largement partagées. A commencer par la nécessité de faire porter l'effort sur l'éducation. "L'appétit pour la culture, c'est à l'école qu'il s'éveille et se forme", dit Clorinde Coranotto. Depuis 1998, l'artiste parcourt les routes du Limousin avec son petit camion pour faire découvrir l'art contemporain aux publics ruraux. L'entrepreneur Jean-Claude Volot qui, en Haute-Marne, fait revivre culturellement l'auguste abbaye d'Auberive, n'y va pas par quatre chemins : "François Hollande veut créer 60 000 emplois dans l'éducation nationale ? Qu'il y en ait 10 000 pour l'art !"
Deuxième vérité qui ressort de notre tour de France : la culture crée du lien social et, à ce titre,
elle est - dans certaines régions que la rentabilité économique a
désertées - un havre qu'il est nécessaire de préserver. C'est ainsi, "contre le spectre des zones blanches", qu'un professeur de français, Guy Pezet, fait vivre à Rieupeyroux, ville de l'Aveyron de 2 500 habitants, une salle de cinéma de 240 places. "Il faut soigner les petits lieux", explique avec son accent du Jura et sa rondeur de Franc-Comtois Manou Comby, le directeur de la Rodia, scène de musiques actuelles de Besançon. "Parce que si les bars musicaux disparaissent, c'est une désertification culturelle qui s'enclenche."
Et le bouillonnant François Cheval, directeur du dynamique Musée
Nicéphore-Niépce consacré à la photographie à Chalon-sur-Saône, d'enfoncer le clou : "Au lieu de faire de la politique de prestige dans la capitale, il faut, au contraire, maintenir le maillage culturel du territoire."
Derrière ces deux thèmes - éducation et territorialité -, c'est
l'enjeu démocratique qui est posé. Une culture pour tous, qui gommerait
la division ressentie entre une culture "d'en haut" et une culture "d'en bas".
"C'est la faute à Malraux", sourit Michel Vallet, qui anime la Casa musicale à Perpignan. "C'est
lui qui a voulu un ministère pour la grande culture, laissant le reste
aux ministres de l'éducation, instaurant ainsi de fait une différence
entre une culture d'élite et une culture de masse." Si la Casa musicale a bénéficié au départ d'un plan chiraquien pour lutter contre la fracture sociale et soutenir les initiatives dans les quartiers populaires, nombreux sont les "faiseurs de culture" qui survivent avec trois francs six sous et la seule énergie de leurs bras bénévoles.
Mais qu'ils soient (un peu) riches ou (très) pauvres, tous peinent à s'y retrouver dans l'enchevêtrement administratif dont ils appellent de leurs voeux la simplification. "Il
y a aujourd'hui au ministère de la culture et dans les directions
régionales de l'action culturelle autant de conseillers qu'il y a de
disciplines... et autant de lignes budgétaires", soupire Mathieu Maisonneuve,
athlétique directeur de l'Usine, une ancienne menuiserie transformée en
lieu d'action artistique à Tournefeuille près de Toulouse.
Le quatrième volet de ces sortes d'états généraux informels de la
culture, c'est la défense de la créativité. Une bonne politique
culturelle serait une politique qui sache "créer les espaces du possible", dit l'un ; "qui encourage les créateurs à se sortir d'eux-mêmes, et nous avec eux", dit l'autre. Est-ce parce qu'ils sont pour beaucoup les enfants de 1968 qu'ils prônent ainsi l'imagination au pouvoir ? "L'art est avant tout création", martèle Pia Viewing qui, à Douchy-les-Mines, au milieu des terrils, anime le centre régional de la photographie du Nord.
Et si vous leur rétorquez : "Oui, mais c'est la crise, il n'y a plus de budget, comment faire...", ils se contentent d'un sourire en coin ou d'un mouvement d'épaules. Ils ont appris depuis longtemps -parfois depuis toujours -, à faire sans l'aide de personne. Ainsi en est-il de Réjane Louin, qui a monté une galerie d'art contemporain au fin fond de la Bretagne : "J'attends de l'Etat, dit-elle, un engagement envers les structures qui font un travail de terrain, même en temps de crise, surtout en temps de crise..."Pourquoi ? "Parce qu'elles aident les populations à rester fortes."
Ainsi s'achève notre tour de France. Cinquante portraits, cinquante
prises de parole, et dix fois plus qui affluent depuis sur nos bureaux :
"Nous, ici, nous avons lancé un laboratoire théâtral... Notre
village s'enorgueillit d'un lieu d'exposition... Je suis disquaire à...
Venez nous rendre visite si vous passez par là..."
A la très vivante Hélène Fincker, qui, à Nice, a fait de la Villa
Cameline un lieu d'expérimentations, laissons plutôt le mot de la fin : "La culture ne sert pas qu'à occuper le temps libre ni à briller dans les réunions. Elle sert à vivre mieux."
À
deux semaines de l’élection présidentielle, alors que les programmes de
chaque candidat ont été annoncés, s'il est bien un sujet qui ne
déchaîne pas les débats, c'est celui de la culture. Même si l'on a bien
conscience que celle-ci représente plus un vernis enjolivant des mesures
dictées par la rigueur ambiante − ce fameux « supplément d'âme » un
brin méprisant −, il nous a semblé intéressant de faire un tour
d'horizon des propositions avancées par les dix candidats. Où l'on voit
notamment que le numérique et l'éducation artistique sont des sujets
majeurs, au détriment, par exemple, de la création contemporaine.
François Hollande (Parti socialiste)
• « Sanctuariser » le budget de la culture.
• Revenir à la TVA à 5,5 % sur le livre et la billetterie (portée à 7 % à partir du 1er avril 2012).
•
Mettre en place un plan national pour l'éducation artistique, de la
maternelle à l'université, former les enseignants à l'histoire de l'art
et accorder une place aux artistes à l'école.
• Poursuivre la décentralisation culturelle par l'aménagement des « territoires oubliés » (régions, banlieues).
• Mettre en place une stratégie d’Etat en faveur du mécénat, avec une charte éthique et qui favorise le mécénat de proximité.
• Instaurer un plan de couverture internet intégrale du territoire français en très haut débit.
• Remplacer la loi Hadopi en augmentant les offres légales en ligne.
• S’engager pour l'action culturelle à l'étranger.
• Créer une "Loi d'orientation" avec des objectifs, un financement, des partenaires pour le spectacle vivant.
• Ratifier la charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Nicolas Sarkozy (candidat sortant, UMP)
• Créer une agence Culture France.
•
Poursuivre les projets déjà lancés : Philharmonie de Paris, Palais de
Tokyo, Grand Paris (doté du 1 % artistique), extension du musée Picasso,
projet de Vallée des Impressionnistes, Centre des Archives
nationales...
•
Poursuivre les actions de démocratisation de la culture (gratuité des
musées pour les jeunes, développement de l’enseignement artistique à
l’école, « proximité géographique avec les œuvres »…)
•
Développer de nouvelles sources de financement pour la culture,
notamment pour la création, avec l’accroissement du mécénat des PME.
• Maintenir l'Hadopi.
Marine Le Pen (Front national)
• Favoriser la création d'associations, les inclure aux conseils d'administration des institutions culturelles.
• Surveiller la rentabilité des services publics.
• Prendre en compte davantage les pratiques amateurs.
•
Créer des bibliothèques et des postes d’« animateurs lecture ».
Protéger la création littéraire francophone et les maisons d'édition
françaises.
• Encourager le mécénat et le marché de l’art par des mesures fiscales.
•
Appliquer une priorité nationale à la culture : quotas de diffusion
d’œuvres françaises à la télévision et à la radio, grandes productions
illustrant l’Histoire de France et la vitalité du monde francophone,
encourager cinéma français et renforcer de la loi Toubon.
• Réformer le statut des intermittents du spectacle
• Créer une banque de terminologie en langue française.
• Instaurer la licence globale, supprimer l’Hadopi.
François Bayrou (MoDem)
• Valoriser l’enseignement artistique dans les programmes scolaires.
• « Produire en France », « produire français », promouvoir la francophonie.
•
Mettre en place des conventions de développement culturel passées entre
l'Etat et les collectivités locales pour une période de 5 ans.
• Encourager le mécénat culturel.
• Faire adopter une loi sur la réhabilitation du patrimoine.
• Ratifier la charte des langues régionales ou minoritaires.
• Instaurer la licence globale, supprimer l’Hadopi.
Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche)
• Intégrer pleinement l'éducation artistique à l’école.
• Réformer le statut des intermittents pour revenir à un système fondé sur la mutualisation et la solidarité.
• Démocratiser le Centre national du Cinéma (CNC).
• Supprimer l'Hadopi, mettre en place des plate-formes publiques de téléchargement.
• Prélever une taxe sur les fournisseurs d’accès à Internet, la publicité et les supports de stockage numérique.
•
Créer un pôle de médias public englobant France Télévisions, Radio
France, l’Audiovisuel extérieur, l’AFP, l’INA et un pôle public de
production.
• Adopter
une loi d’orientation et de programmation budgétaire, relever le budget
de la culture, porté à 1 % du PIB pendant le quinquennat.
• Développer l’éducation artistique à l’école, dans la cité et l’entreprise.
•
Revenir sur les restrictions budgétaires de l’action culturelle
extérieure de la France, les fermetures de centres culturels et
d’Alliances françaises.
Eva Joly (Europe Ecologie – Les Verts)
• Organiser des états généraux des droits culturels par région.
•
Nouvelle fiscalité de la culture, favorisant la circulation des biens
culturels « art et essai », taux réduit de TVA pour les œuvres et la
billetterie des spectacles.
• Élaboration d’une charte éthique et démocratique pour la culture.
• Parité hommes-femmes pour les nominations dans le secteur.
•
Encourager le travail des associations d’éducation populaire et
d’action culturelle, en s'appuyant sur les collectivités territoriales.
• Rémunérer le temps de travail « indirectement productif » des artistes et créateurs.
• Suppression de l’Hadopi.
Philippe Poutou (NPA)
• Instaurer la gratuité pour les lieux culturels : conservatoires, musées, médiathèques, ateliers...
• Développer un service public de la culture en augmentant les budgets locaux et nationaux.
• Supprimer totalement la publicité dans l'audiovisuel public.
• Instaurer une redevance progressive.
• Promouvoir l’enseignement artistique à l'école.
• Réformer le statut des intermittents : aucun revenu en dessous du SMIC.
• Encourager le développement de réseaux alternatifs de diffusion des œuvres.
• Supprimer l’Hadopi et instaurer une licence « égale ».
•
Taxer le chiffre d’affaire des majors, des fournisseurs d’accès à
Internet et des fabricants de matériel informatique. Revenir au droit à
la copie privée tout en protégeant la rémunération des artistes et des
techniciens.
Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès)
•
Encourager l’éducation musicale à l’école. Instaurer le chant choral
obligatoire et favoriser la création d’orchestres de jeunesse.
• Favoriser le développement des langues et cultures créoles dans les DOM-TOM.
• Favoriser la création de coopératives d’artistes et d’associations. Protéger des droits d’auteurs des artistes et interprètes.
• Former les artistes sur les questions juridiques, commerciales, administratives et à l’utilisation d’Internet.
• Créer des « brigades d'intervention artistique » pour sensibiliser le public à la culture.
• Interdire les jeux vidéo à caractère violent, surtaxer ceux dépourvus de contenu pédagogique.
• Promouvoir une « renaissance artistique » fondée sur la culture républicaine « classique » et la notion de beauté.
• Supprimer l’Hadopi et la loi Davdsi, créer une plate-forme de téléchargement publique.
Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)
•
Supprimer la notion « d’intermittent du spectacle », ceux-ci devraient
plutôt bénéficier d’un emploi et d’une rémunération stable.
• Supprimer l’Hadopi.
• Créer un service public sur Internet qui mette à libre disposition les œuvres culturelles.
• Libérer la création de « l’emprise des marchands et du marché ».
• Augmenter le budget culturel, que ce soit pour la formation, l’éducation ou la création.
• Favoriser l’accès à la culture par l’éducation en donnant plus de moyen aux écoles, de la maternelle à l’Université.
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
• Lutter contre l’usage abusif de l’anglais, notamment dans la publicité en renforçant la loi Toubon.
• Supprimer l’Hadopi et instaurer la licence globale.
• Rémunérer les artistes avec une taxe prélevée sur les fournisseurs d’accès à Internet.
• Encourager les échanges d’œuvres entre régions.
• Faciliter l’accès aux musées nationaux.
• Développer le réseau des Alliances françaises à l’étranger.
Nos enfants et la culture : la députée PS Aurélie Filippetti ouvre la discussion
Comment
transmettre le goût, le désir de culture(s) à l'école ? Aurélie
Filippetti, ex professeur, porte-parole et responsable des questions
culturelles au Parti socialiste nous répond, à l'occasion du forum
organisé par “Télérama”, les 6 et 7 avril au Centre Pompidou à Paris.
Propos recueillis par Emmanuel Tellier
Comment faire davantage entrer la culture à l’école ?
Nous sommes trop souvent confrontés à un problème de structures,
d’affectation et d’origine des budgets. En fait, la question de
l’éducation artistique a toujours fait l’objet d’un tiraillement entre
les deux ministères, celui de l’Education nationale et celui de la
Culture. Du côté du premier, l’accès à la culture est une question
éducative certes importante, mais pas prioritaire, car prise au milieu
de tant d’autres disciplines jugées plus cruciales, plus structurantes,
plus directement utiles aux élèves. Du côté du ministère de la Culture,
où se trouvent tous les réseaux, les professionnels, les compétences les
plus affûtées, on n’a pas la main sur la dimension pédagogique, et
surtout, on n’a pas les budgets permettant de faire les choses en grand.
Donc on a l’argent d’un côté, mais il sert à autre chose, et les idées
pour la culture de l’autre, mais sans les moyens de les mettre en place.
Rappelons que l’éducation artistique a un budget réel d’à peine 31
millions d’euros dans le budget du ministère de la Culture !
Comment dépasser ce hiatus ?
Je pense que ces questions dépendent beaucoup des personnes qui sont à
la tête des structures de décision, et donc en l’occurrence des
ministres nommés à ces deux postes. Si la relation entre Jack Lang et
Catherine Tasca a si bien fonctionné (de 2000 à 2002, dans un
gouvernement Jospin. NDLR) c’est parce que nous avions là deux
personnalités avec des sensibilités très cohérentes, éprises de culture
et de transmission et, surtout, se sentant portées par des objectifs
communs. On se souvient qu’ensemble, Lang et Tasca ont posé des bases
pour un plan d’éducation artistique ambitieux, avec l’entrée à l’école
de nouvelles disciplines – plan qui a ensuite été abandonné, hélas, par
le gouvernement suivant.
“L’origine du hiatus, c’est que
pour faire exister une vraie politique culturelle, Malraux a obtenu
la séparation de la culture et de l’éducation.”
L’origine du hiatus, c’est que pour faire exister une vraie politique
culturelle, Malraux a obtenu de De Gaulle la séparation de la culture et
de l’éducation. On a donc créé, en 1959, un ministère des Affaires
culturelles. C’était bien pour la culture, mais cela a éloigné les
prérogatives culturelles et artistiques de l’univers de l’école. Au
moment du Front populaire, Jean Zay plaidait, lui, pour une éducation
globale, décloisonnée, où les savoirs artistiques devaient être abordés
de front avec tout le reste du travail dans le cadre de l’école, tout
près des sciences par exemple. En 1936, Jean Zay était d’ailleurs
ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts.
Et en cinq décennies, depuis Malraux, on n’a jamais vraiment su relancer cette ambition globale ?
Non, pas sur le long terme, à l’exception du plan Lang-Tasca.
Du coup, en France, nous sommes un peu les mauvais élèves de l’Europe,
avec une présence insuffisante de l’éducation artistique dans les
écoles, mais aussi, et c’est peut-être encore plus choquant et
incompréhensible, à l’université. Par rapport à nos voisins allemands,
britanniques et italiens, qui ont des actions assez extraordinaires
autour notamment de la musique, on est extrêmement en retard. Et il y a
là un grand paradoxe quand on entend les discours d’intention, et la
place de la culture en France…
“Il faut emmener les plus jeunes vers la culture, physiquement.”
A l’université, c’est carrément le désert, non ?
Quand, en 1984-85, François Mitterrand demande un rapport à Pierre Bourdieu
sur l’éducation artistique, celui-ci répond qu’il y a là, après le bac,
un grand trou noir. Avant, au lycée, il y a encore des choses, mais dès
qu’on arrive à la fac, plus rien, c’est le néant. Alors que c’est
précisément le moment où les jeunes adultes sont les plus assoiffés de
découvertes et de nouveaux horizons culturels, à ce stade décisif de
leur vie où ils ont un peu de temps pour cela, y sont très attentifs, et
s’installent dans des villes où généralement l’offre culturelle est
très présente. Il existe un réseau Art-Université-Culturesur lequel s'appuyer mais sinon, comme l’écrit Bourdieu, c’est souvent le grand impensé…
Que proposez-vous pour réparer cet “impensé”, vous et vos amis socialistes ?
Au programme de François Hollande, et plus largement pour repenser toute
la question de la transmission culturelle – de la maternelle à
l’université –, figure la proposition de créer une nouvelle instance :
un outil de coordination interministériel. C’est le lieu où l’éducation
artistique serait pensée et coordonnée de manière ambitieuse. François
Hollande a fait de cette question l’une de ses priorités pour l’école.
Et cette nouvelle structure pourrait régler tous les problèmes actuels ?
Oui, si encore une fois, les hommes et les femmes qui seront nommés à
ces ministères et dans cette structure de liaison sont convaincus et
avancent dans le même sens. Je peux par exemple vous assurer que Vincent
Peillon, qui s’occupe des questions d’éducation au Parti socialiste,
est un homme de culture, très attentif à cette problématique.
Novembre 2011, à Bruxelles. Francois Hollande
avec la députée Aurélie Filipetti, responsable des affaires culturelles
au PS. Photo MAXPPP.
Concrètement, dans les programmes, que voudriez-vous voir évoluer ?
L’éducation à l’image et à l’art, distinct de l’enseignement de
l’histoire des arts, devrait, selon moi, être bien mieux mis en avant,
et même être considéré comme l’un des piliers du travail scolaire,
notamment via l’interdisciplinarité – par un travail concerté avec les
profs de lettres, d’histoire et bien sûr de musique et d’arts
plastiques. Et puis, il faut bien sûr favoriser les contacts avec le
monde vivant de la culture, faciliter les rencontres, les visites, les
jumelages avec des artistes et des institutions, dans tous les lieux qui
le permettent, en y mettant l’argent nécessaire pour rémunérer tous les
intervenants.
“Le Parti socialiste souhaite réorganiser
le temps scolaire et mettre en place
des créneaux horaires dévolus aux pratiques artistiques.”
Il faut emmener les plus jeunes vers la culture, physiquement. Créer
du dialogue avec le théâtre, le cinéma, la musique. Ce qui se fait
aujourd’hui est beaucoup trop frileux ! Alors que quand on a de
l’imagination, et qu’on est encouragés par les structures, il y a des
idées superbes à développer. A Metz, le Centre Pompidou a mis en place le système des « petits médiateurs » :
ce sont des enfants qui reçoivent une formation spécifique dans le
cadre du Centre, puis assurent ensuite la visite aux camarades de leur
propre classe. Voilà quelque chose de très valorisant, et sans doute à
généraliser au plus vite.
Je pense qu’en France, il y a beaucoup d’expériences qui marchent à
un niveau local ou régional, et que le travail des deux ministères,
Education comme Culture, devrait être de s’en inspirer pour développer
les meilleures de ces idées et en faire profiter le plus grand nombre,
au niveau national si possible… Je crois aussi beaucoup à la pratique du
théâtre, notamment pour les élèves décrocheurs, à tous ces ateliers qui
permettent d’aborder autrement la langue, le texte, ainsi que le
travail du corps, le rapport à l’autre, le respect. Il me semble qu’il y
a beaucoup à développer de ce côté-là, à la manière par exemple de ce
qui se fait en Grande-Bretagne. Mais pour cela, comme le souhaite le
Parti socialiste et comme le défend Vincent Peillon, il faut réorganiser
le temps scolaire, et mettre en place des créneaux horaires
spécifiquement dévolus aux pratiques artistiques, dans le cadre de
l’école. Il s’agirait de créer des moments particuliers dans la semaine
des enfants, des plages de temps bien séparés du reste de
l’enseignement, reposant sur une toute autre logique que le reste des
cours.
Comment associer la famille, les parents, à ce cheminement vers la culture ?
Cette question est cruciale, car on sait bien qu’aujourd’hui, dans de
nombreuses familles, il y a peu (ou pas) de dialogue, d’échange, autour
de la culture au sens large. Et donc parfois, les enfants se retrouvent à
en savoir plus que leurs parents, ce qui peut créer un décalage. Parmi
les bonnes idées, le Metropolitan Museum of Art de New York a imaginé
que lorsque les enfants d’une classe vont visiter un musée ou un centre
d’art dans leur ville, le lieu pourrait leur offrir, en fin de parcours,
un « billet famille » de manière à ce que l’enfant lui même devienne
prescripteur auprès des siens.
Dans les milieux défavorisés, où l’on sait qu’il y a un manque de
familiarité avec l’art, la peinture, la sculpture, il faut aider toute
la famille à dépasser ses complexes ; et il faut aider l’enfant à
partager avec sa famille, de manière à ce qu’il ne se retrouve pas
isolé, dans une quasi-culpabilité quant à son savoir, ses émotions… Bien
souvent, on est obligé d’admettre que la démocratisation culturelle ne
permet pas assez le brassage social – un tiers seulement des français a
fréquenté un établissement culturel dans les 12 derniers mois –, et du
coup, cela ajoute à nos difficultés lorsqu’on s’adresse aux enfants
d’aujourd’hui. L’école a un rôle d’autant plus crucial.
Le rôle du politique, c’est quoi ? Repérer les bonnes expériences et demander leur élargissement ?
Absolument. Par exemple, sur la politique des publics, et de tout ce qui
touche à la démocratisation, en lien très proche avec les collectivités
locales et les établissements publics, le ministère de la Culture doit
peser de tout son poids. Il doit être un véritable pilote ! Et il doit
aussi, beaucoup plus qu’aujourd’hui, travailler étroitement avec le
ministère de l’Education nationale pour faire entrer des intervenants du
milieu de la culture dans les collèges, dans les lycées. Il faut
dégager des budgets pour cela, de manière à rémunérer ces intervenants,
et mettre, dans le cadre de l’école, les enfants et les ados en contact
physique avec le monde de la création.
L’école a besoin d’aide, et d’intervenants extérieurs ! Seule, elle
ne peut pas tout faire. Alors c’est à nous, politiques, élus, pouvoirs
publics, de nous battre pour organiser ce dialogue essentiel entre
l’école et tous les autres grands acteurs de l’éducation, les
associations, les mouvements d’éducation populaires, les lieux de
culture. On ne pourra y arriver que si tout le monde œuvre dans le même
sens et en s’appuyant sur la décentralisation culturelle. Il y a
beaucoup d’acteurs impliqués dans la transmission de la culture en
France – regardez le travail des FRAC ! – mais on a le sentiment que
les choses sont trop éparpillées, qu’on n’aide pas assez tous ces
militants à réunir leurs forces. Et ça, ce devrait être l’un des rôles
du ministère de la Culture.
Vous avez vous-même été professeur de lettres. Concrètement, sur
le terrain, quand on veut emmener les enfants vers la culture, quelles
difficultés rencontre-t-on ?
Quand on est prof, il faut vraiment beaucoup d’énergie et une énorme
envie pour s’investir au delà de l’enseignement cadré qui nous est
demandé. Le travail de base est déjà difficile, très exigeant, alors dès
qu’un prof souhaite faire plus, comme par exemple emmener une classe en
extérieur, au cinéma ou dans un musée, c’est compliqué ! Et souvent, ça
repose sur du volontariat, on ne se sent pas du tout assez aidé,
conseillé…
“C’est comme ça que ça fonctionne,
la transmission de la culture :
par un ensemble de petits pas, de liens qui se tissent peu à peu.”
Alors que lorsqu’un cadre culturel intelligent est proposé aux
enseignants, les choses se font très bien. Je me souviens d’avoir
profité du programme « Collège au cinéma » avec mes élèves, et c’était
excellent, on recevait un livret pédagogique très bien pensé, on allait
régulièrement dans un cinéma d’art et d’essai, on pouvait faire un
travail véritablement suivi, avec un parcours de plusieurs films pendant
l’année. Voilà l’exemple de quelque chose qui marchait bien, même s’il
me semble que le dispositif a un peu perdu de son ampleur depuis…
Et les enseignants sont très demandeurs, n’est-ce-pas ?
Bien sûr, de très nombreux professeurs prennent tout ce travail en plus
très à cœur, et il faut savoir que bien souvent, ils se débrouillent
aussi bien qu’ils peuvent, avec le peu de moyens qu’ils ont, mais avec
une envie énorme… Et j’ajoute que l’immense majorité des enseignants
aujourd’hui sont des gens qui sont tout à fait bien dans leur époque, en
phase avec les cultures d’aujourd’hui, intéressés par elles.
Je peux vous assurer que quand on va au festival de danse hip hop de Suresnes [Suresnes Cités danse. NDLR],
on se rend compte qu’il y a là une immense qualité de travail et une
magnifique opportunité de bâtir des choses autour de la culture. La
salle est pleine d’ados de banlieue, des jeunes qui n’y ont sans doute
pas beaucoup mis les pieds avant. Et à partir de cette expérience,
certains voudront sans doute remonter le fil, voir d’autres spectacles,
ou chercher à comprendre qui était ce Jean Vilar
qui a donné son nom à cette salle. S’ils viennent une seconde fois,
c’est un début de victoire… C’est comme ça que ça fonctionne, la
transmission de la culture : par un ensemble de petits pas, de liens qui
se tissent peu à peu.