mardi 1 novembre 2011

Compte rendu : 8e édition du Festival des Andalousies Atlantiques

Source : ww.aufaitmaroc.com



8e édition du Festival des Andalousies Atlantiques
Pérenniser l’Esprit d’Essaouira 

 

Le Festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira a, pour sa huitième édition, réuni des artistes exceptionnels qui ont symbolisé ce fil qui relie toujours les histoires partagées entre peuples et religions à partir de l'âge d'or de l'Andalousie. Dans un monde dominé par la violence, ce festival affirme haut et fort la place de l’art et de la culture, qui grâce à leur ascendant sur le politique et l’économique, donnent l’espoir d’un avenir meilleur.

Cette année encore, le Festival des Andalousies Atlantiques a enchanté les festivaliers qui ont fait le weekend dernier le plein de musique puisée dans le répertoire judéo-marocain, et le plein d’émotions, tout en suscitant la réflexion, grâce aux deux matinées de colloque qui ont drainé les foules, prouvant une fois de plus qu'il ne s'agit pas que d'un festival parmi les autres festivals.

Organisé par l'“Association Essaouira Mogador” fondée par André Azoulay, en partenariat avec la “Fondation des Trois Cultures”, et sous la direction artistique de Françoise Atlan, le festival a réuni non seulement des artistes, mais également une brochette d'ambassadeurs, d'universitaires, de chercheurs, etc... L'occasion de nombreuses manifestations également gérées par Hanane Ouassini de Strat'Event.

Mais place tout d’abord à la musique, et aux grands artistes confirmés dans l’art du gharnati, de l’andaloussi, tels Maître Piro, Maurice Medioni, Naïma Dzairia ou encore Maxime Karoutchi, qui ont puisé dans un répertoire que Musulmans et Juifs ont écrit et interprété ensemble.

Des artistes qui ont côtoyé la jeune et rassurante relève qu'ils ont contribué à former et qui pratique avec bonheur cet art ancestral. La voix cristalline de la jeune Laila Lamrini, et celle plus affirmée de Bahae Ronda nous ont fait voyager avec nostalgie du côté d’un Guadalquivir enchanteur... Et les associations venues en force au festival, nous ont prouvé qu'elles sont nombreuses à s'impliquer en tant que relais, en donnant la possibilité à des jeunes d'apprendre et de cultiver cet art.

Une fois de plus cette année, l’émotion a été à son comble, à l’écoute de kssaïd écrites et chantées depuis des siècles, héritage d’une époque dorée.

Un sentiment confirmé par la présence d’artistes venus de Séville, d’Al Qods, de Paris, d'Alger ou encore de Londres, et qui ont tous prouvé que cette influence n’est pas un vain mot, et que son héritage a laissé ses empreintes dans les recoins les plus insoupçonnés du monde de l'art.

Que ce soit sous le grand chapiteau de Bab el Menzeh, plein à craquer pour la clôture du festival samedi, ou dans le cadre bien plus intimiste du riad Dar Souiri, où les spectacles, depuis le matin jusqu'au milieu de la nuit, prennent tout à coup une force particulière et rare, et où l’émotion la plus intense a souvent prédominé, les artistes ont pu communier avec un public conquis.

Ce n’est pas un hasard, et le colloque était là à point nommé pour le souligner: malgré un fil qui semble aujourd'hui fragile et ténu, l’héritage judéo-marocain de l’Andalousie reste une pierre essentielle à l’édifice de la tolérance et de la paix entre les peuples.

Ces journées passées à Essaouira étaient hors du temps, tout à la fois ancrées dans le passé, mais aussi et définitivement tournées vers un avenir que toutes les personnes présentes veulent, chacune à sa manière, contribuer à rendre plus radieux.

Essaouira a donc permis une fois de plus, par la musique et la parole, de pérenniser cet esprit de tolérance, qui au-delà des différences, a réuni les festivaliers dans le dialogue et le partage.

W.M.