8e édition du Festival des Andalousies Atlantiques
Pérenniser l’Esprit d’Essaouira
Le Festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira a, pour sa huitième édition, réuni des artistes exceptionnels qui ont symbolisé ce fil qui relie toujours les histoires partagées entre peuples et religions à partir de l'âge d'or de l'Andalousie. Dans un monde dominé par la violence, ce festival affirme haut et fort la place de l’art et de la culture, qui grâce à leur ascendant sur le politique et l’économique, donnent l’espoir d’un avenir meilleur.
Cette année encore, le Festival des Andalousies Atlantiques a
enchanté les festivaliers qui ont fait le weekend dernier le plein de
musique puisée dans le répertoire judéo-marocain, et le plein
d’émotions, tout en suscitant la réflexion, grâce aux deux matinées de
colloque qui ont drainé les foules, prouvant une fois de plus qu'il ne
s'agit pas que d'un festival parmi les autres festivals.
Organisé
par l'“Association Essaouira Mogador” fondée par André Azoulay, en
partenariat avec la “Fondation des Trois Cultures”, et sous la direction
artistique de Françoise Atlan, le festival a réuni non seulement des
artistes, mais également une brochette d'ambassadeurs, d'universitaires,
de chercheurs, etc... L'occasion de nombreuses manifestations également
gérées par Hanane Ouassini de Strat'Event.
Mais place tout
d’abord à la musique, et aux grands artistes confirmés dans l’art du
gharnati, de l’andaloussi, tels Maître Piro, Maurice Medioni, Naïma
Dzairia ou encore Maxime Karoutchi, qui ont puisé dans un répertoire que
Musulmans et Juifs ont écrit et interprété ensemble.
Des artistes
qui ont côtoyé la jeune et rassurante relève qu'ils ont contribué à
former et qui pratique avec bonheur cet art ancestral. La voix
cristalline de la jeune Laila Lamrini, et celle plus affirmée de Bahae
Ronda nous ont fait voyager avec nostalgie du côté d’un Guadalquivir
enchanteur... Et les associations venues en force au festival, nous ont
prouvé qu'elles sont nombreuses à s'impliquer en tant que relais, en
donnant la possibilité à des jeunes d'apprendre et de cultiver cet art.
Une
fois de plus cette année, l’émotion a été à son comble, à l’écoute de
kssaïd écrites et chantées depuis des siècles, héritage d’une époque
dorée.
Un sentiment confirmé par la présence d’artistes venus de
Séville, d’Al Qods, de Paris, d'Alger ou encore de Londres, et qui ont
tous prouvé que cette influence n’est pas un vain mot, et que son
héritage a laissé ses empreintes dans les recoins les plus insoupçonnés
du monde de l'art.
Que ce soit sous le grand chapiteau de Bab el
Menzeh, plein à craquer pour la clôture du festival samedi, ou dans le
cadre bien plus intimiste du riad Dar Souiri, où les spectacles, depuis
le matin jusqu'au milieu de la nuit, prennent tout à coup une force
particulière et rare, et où l’émotion la plus intense a souvent
prédominé, les artistes ont pu communier avec un public conquis.
Ce
n’est pas un hasard, et le colloque était là à point nommé pour le
souligner: malgré un fil qui semble aujourd'hui fragile et
ténu, l’héritage judéo-marocain de l’Andalousie reste une pierre
essentielle à l’édifice de la tolérance et de la paix entre les peuples.
Ces
journées passées à Essaouira étaient hors du temps, tout à la fois
ancrées dans le passé, mais aussi et définitivement tournées vers un
avenir que toutes les personnes présentes veulent, chacune à sa manière,
contribuer à rendre plus radieux.
Essaouira a donc permis une
fois de plus, par la musique et la parole, de pérenniser cet esprit de
tolérance, qui au-delà des différences, a réuni les festivaliers dans le
dialogue et le partage.